Eugène Pottier a écrit ce poème en juin 1871,
en pleine répression de la Commune de Paris. Ce n'est qu'en 1883
que le texte est présenté et primé à un concours
de chansons. Gustave Nadaud encourage alors Pottier à publier ses
oeuves et c'est en 1887 quie parait le recueil "Les
Chants révolutionnaires". En 1888, un an après la première
édition imprimée des paroles, la chorale lilloise du Parti
Ouvrier Français demande à un de ses membres, Pierre Degeyter,
de composer une musique originale pour L'Internationale. Le 23 juillet
1888, la chorale de la Lyre des Travailleurs, réunie dans l'estaminet
À la Vignette à Lille, interprète le chant de l'Internationale
sur l'air nouveau de Degeyter.
À partir de 1904, L'Internationale, après avoir été
utilisée pour le congrès d'Amsterdam de la IIe Internationale,
devient l'hymne des travailleurs révolutionnaires. L'Internationale
a été traduit dans de nombreuses langues et se chante traditionnellement
le bras levé fermant le poing.
Debout les damnés de la terre
Debout les forçats de la faim
La raison tonne en son cratère
C'est l'éruption de la fin.
Du passé faisons table rase
Foule, esclaves, debout, debout
La monde va changer de base
Ne ne sommes rien, soyons tout !
C'est la lutte finale
Groupons nous, et demain
L'Internationale
Sera le genre humain.
Il n'est pas de sauveurs suprêmes
Ni Dieu, ni César, ni tribun
Producteurs, sauvons nous nous-mêmes
Décrétons le salut commun
Pour que le voleur rende gorge
Pour tirer l'esprit du cachot
Soufflons nous même notre forge
Battons le fer quand il est chaud.
Refrain
L'état comprime et la loi triche
L'impôt saigne le malheureux
Nul devoir ne s'impose au riche
Le droit du pauvre est un mot creux
C'est assez, languir en tutelle
L'égalité veut d'autres
lois
Pas de droits sans devoirs dit-elle
Égaux, pas de devoirs sans droits!
Refrain
Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail ?
Dans les coffres-forts de la bande
Ce qu'il a crée s'est fondu
En décrétant qu'on le
lui rende
Le peuple ne veut que son dû.
Refrain
Les rois nous soûlaient de fumées
Paix entre nous, guerre aux tyrans
Appliquons la grève aux armées
Crosse en l'air et rompons les rangs
S'ils s'obstinent ces cannibales
A faire de nous des héros
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.
Refrain
Ouvriers, paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs
La terre n'appartient qu'aux hommes
L'oisif ira loger ailleurs
Combien, de nos chairs se repaissent
Mais si les corbeaux, les vautours
Un de ces matins disparaissent
Le soleil brillera toujours.