Mac-Nab, chansonnier plutôt
conservateur, se moquait à travers cette chanson des ouvriers et
de la montée du syndicalisme. Il ne s'est jamais pris lui même
très au sérieux, et c'est plutôt un hommage posthume
que lui ont fait les syndicalistes en adoptant cette chanson sans arrière-pensées.
C'est devenu un des classiques du répertoire ouvrier du début
du XXeme siècle.
Le métropolitain
dont il est question ici est probablement une salle lilloise affectée
à la vie associative et aux grandes réunions publiques ou
syndicales. Émile Basly est un ancien mineur devenu député.
Zéphirin Camélinat était ouvrier graveur nommé
directeur de la Monnaie sous la commune, exilé après la semaine
sanglante et finalement élu député en 1885.
J'avais déjà vidé
plus d'un' bouteille,
Si bien qu' j'm'avais jamais trouvé
si rond
V'là la bourgeois' qui rappliqu'
devant l' zingue:
"Feignant, qu'ell' dit, t'as donc lâché
l' turbin?"
"Oui, que j' réponds, car je
vais au métingue,
Au grand métingu' du métropolitain !"
"Oui, que j' réponds, car je
vais au métingue,
Au grand métingu' du métropolitain !"
Les citoyens, dans un élan sublime,
Étaient venus guidés
par la raison
A la porte, on donnait vingt-cinq centimes
Pour soutenir les grèves de
Vierzon
Bref à part quatr' municipaux
qui chlinguent
Et trois sergents déguisés
en pékins,
J'ai jamais vu de plus chouette métingue,
Que le métingu' du métropolitain !
Y avait Basly, le mineur indomptable,
Camélinat, l'orgueil du pays
Ils sont grimpés tous deux sur
une table,
Pour mettre la question sur le tapis
Mais, tout à coup, on entend
du bastringue;
C'est un mouchard qui veut fair' le
malin!
Il est venu pour troubler le métingue,
Le grand métingu' du métropolitain !
Moi j' tomb' dessus, et pendant qu'il
proteste,
D'un grand coup d' poing, j'y renfonc'
son chapeau.
Il déguerpit sans demander son
reste,
En faisant signe aux quatr' municipaux
A la faveur de c'que j'étais
brind'zingue
On m'a conduit jusqu'au poste voisin
Et c'est comm' ça qu'a fini
le métingue,
Le grand métingu' du métropolitain !
Morale:
Peuple français, la Bastille
est détruite,
Et y a z'encor des cachots pour tes
fils !
Souviens-toi des géants de quarante-huit
Qu'étaient plus grands qu' ceuss'
d'au jour d'aujourd'hui
Car c'est toujours l' pauvre ouvrier
qui trinque,
Mêm' qu'on le fourre au violon
pour un rien,
C'était tout d' même un
bien chouette métingue,
Que le métingu' du métropolitain !