Cette chanson n'eut aucun
succès à ses débuts en 1913, lorsqu'elle fut interprétée
par le chanteur Bach devant une assistance civile. Mais c'est au théâtre
aux armées que cette chanson doit son immense popularité.
Chantée par ce même Bach en fin de récital, un soir
où il avait épuisé tout son répertoire, devant
une parterre de poilus en permission, ce fut tout à coup un véritable
triomphe qui ne s'est pas démenti depuis. La Madelon passe depuis
pour avoir gagné la guerre, et d'autres chansons ont repris avec
plus ou moins de succès ce prénom symbolique: "La
Madelon de la Victoire"(1919), "La
victoire de la Madelon" (1921), "Victoire,
la fille de Madelon" (1939), et sa lointaine descendante "La Madelon
de la délivrance" de 1945. Il y eut même un film de Georges
Pallu en 1938 "La fille de la Madelon", fait pour redonner un peu d'ardeur
patriotique aux spectateurs, mais qui n'a pas laissé un grand souvenir...
Le" Toulourou" est un
soldat. C'est un expression d'origine antillaise.
Pour le repos, le plaisir du militaire
Il est là-bas à
deux pas de la forêt
Une maison aux murs tout couverts
de lierre
"Aux tourlouroux", c'est le nom
du cabaret
La servante est jeune et gentille
Légère comme un
papillon
Comme son vin, son oeil pétille
Nous l'appelons la Madelon
Nous en rêvons la nuit,
nous y pensons le jour,
Ce n'est que Madelon, mais pour
nous c'est l'amour.
Refrain:
Quand Madelon vient nous servir
à boire
Sous la tonnelle, on frôle
son jupon
Et chacun lui raconte une histoire
Une histoire à sa façon
La Madelon pour nous n'est pas
sévère
Quand on lui prend la taille
ou le menton
Elle rit, c'est tout le mal qu'elle
sait faire
Madelon, Madelon, Madelon !
Nous avons tous au pays une payse
Qui nous attend et que l'on épousera
Mais elle est loin, bien trop
loin pour qu'on lui dise
Ce qu'on fera quand la classe
rentrera.
En comptant les jours, on soupire
Et quand le temps nous semble
long
Tout ce qu'on ne peut pas lui
dire
On va le dire à Madelon.
On l'embrass' dans les coins,
elle dit : "Veux-tu finir ..."
On s'figure que c'est l'autr',
ça nous fait bien plaisir
Refrain
Un caporal, en képi de fantaisie
S'en fut trouver Madelon un beau
matin
Et, fou d'amour, lui dit qu'elle
était jolie
Et qu'il venait pour lui demander
sa main
La Madelon, pas bête en
somme
Lui répondit en souriant
:
"Et pourquoi prendrais-je un
seul homme
Quand j'aime tout un régiment?
Tes amis vont venir, tu n'auras
pas ma main
J'en ai bien trop besoin pour
leur verser du vin !