Sauf des mouchards et des gendarmes
On ne voit plus par les chemins
Que des vieillards tristes aux larmes
Des veuves et des orphelins
Paris suinte la misère
Les heureux même sont tremblants
La mode est au conseil de guerre
Et les pavés sont tout sanglants
Refrain:
Oui mais...
Ça branle dans le manche
Les mauvais jours finiront
Et gare à la revanche
Quand tous les pauvres s'y mettront.
Les journaux de l'ex-préfecture
Les flibustiers, les gens tarés
Les parvenus par aventure
Les complaisants, les décorés
Gens de bourse et de coin de rues
Amants de filles au rebuts
Grouillent comme un tas de verrues
Sur les cadavres des vaincus.
On traque, on enchaîne, on fusille
Tout ce qu'on ramasse au hasard
La mère à côté
de sa fille
L'enfant dans les bras du vieillard
Les châtiments du drapeau rouge
Sont remplacé par la terreur
De tous les chenapans de bouge
Valets de rois et d'empereur.
Nous voilà rendus aux jésuites
Aux Mac-Mahon, aux Dupanloup
Il va pleuvoir des eaux bénites
Les troncs vont faire un argent fou
Dès demain, en réjouissance
Et Saint-Eustache et l'Opéra
Vont se faire concurrence
Et le bagne se peuplera.
Demain, les manons, les lorettes
Et les dames des faubourgs
Porteront sur leurs collerettes
Des chassepots et des tambours
On mettra tout au tricolore
Les plats du jour et les rubans
Pendant que le héros Pandore
Fera fusiller nos enfants.
Demain les gens de la police
Refleuriront sur le trottoir
Fiers de leurs états de service
Et le pistolet en sautoir
Sans pain, sans travail, et sans armes
Nous allons être gouvernés
Par des mouchards et des gendarmes
Des sabre-peuple et des curés
Le peuple au collier de misère
Sera-t-il donc toujours rivé
?
Jusqu'à quand les gens de guerre
Tiendront-ils le haut du pavé
?
Jusqu'à quand la sainte clique
Nous croira-t-elle un vil bétail
?
A quand enfin la République
De la justice et du travail ?