L'air est pur, la route est large
Le clairon sonne la charge
Les zouaves vont chantant
Et là-haut sur la colline
Dans la forêt qui domine
Le Prussien les attend
Le clairon est un vieux brave
Et lorsque la lutte est grave
C'est un rude compagnon
Il a vu mainte batailles
Et porte plus d'une entaille
Depuis les pieds jusqu'au front
C'est lui qui guide la fête
Jamais s a fière trompette
N'eut un accent plus vainqueur
Et de son souffle et de sa flamme
L'espérance vient à l'âme
Le courage monte au coeur
On grimpe on court on arrive
Et la fusillade est vive
Et les Prussiens sont adroits
Quand enfin le cri se jette:
"En marche ! A la baïonnette !"
Et l'on entre sous le bois.
A la première décharge
Le clairon sonnant la charge
Tombe frappé sans recours
Mais par un effort suprême
Menant le combat quand même
Le clairon sonne toujours
Et cependant le sang coule
Mais sa main qui le refoule
Suspend un instant la mort
Et de sa note affolée
Précipitant la mêlée
Le vieux clairon sonne encor.
Il est là, couché sur
l'herbe
Dédaignant, blessé superbe,
Tout espoir et tout secours;
Et sur sa lèvre ensanglanté
Gardant sa trompette ardente
Il sonne, il sonne toujours.
Puis dans la forêt pressée
Voyant la charge lancée
Et les zouaves bondir
Alors le clairon s'arrête
Sa dernière tâche faite,
Il achève de mourir.