Nul ne semblait vous voir Français
de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous
le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu
des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos
MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient
différents
Tout avait la couleur uniforme
du givre
A la fin février pour vos derniers
moments
Et c'est alors que l'un de vous dit
calmement
Bonheur à tous Bonheur à
ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le
peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les
roses
Adieu la vie adieu la lumière
et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à
moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté
des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d'hiver éclaire
la colline
Que la nature est belle et que le coeur
me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon
amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un
enfant
Ils étaient vingt et trois quand
les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le coeur
avant le temps
Vingt et trois étrangers et
nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à
en mourir
Vingt et trois qui criaient la France
en s'abattant