Cachés sous la terre, l'oreille
aux aguets
Les poilus saluent de leurs quolibets
L'ronflement tragique des grosses marmites
Quand du commandement partout s'précipite
Rosalie, ma belle, c'est l' moment
d' charger
Colonel en tête, drapeau déployé
On part à l'assault tout l'monde
est d'la fête
On court, on trébuche, enfin
je m'arrête
J'crois bien que j'ai flanché
Cette fois j'suis bien touché
La p'tite médaille en argent
Que j'acceptai de si mauvaise grâce
Etait traversée tout simplement
Quant à moi, il n'y eut pas
trop de casse
On me soigna, j'étais heureux
Les copains disaient : t'as d'la veine
!
Comme porte bonheur ça vaut
la peine
Et je pensais en baissant les yeux
Qu'on blague et qu'on fasse le malin
c'est égal
Si ça n'fait pas d'bien,
ça n'fait srement pas d'mal
J'pense être comme vous tous un
bon citoyen
J'fais pas d'politique, je n'y entends
rien
Mais j'ai l'regard droit et l'âme
sincère
Et j'ai fait l'serment, si j'rev'nais
d'la guerre
D'raconter bien haut c'qui m'est arrivé
Personne me l'dira : vous l'avez rêvé
Ces guerres à quoi bon les faire
à la cause ?
Ceux qui en r'viendront, vous diront
une chose :
C'est qu'aux heures d'effroi
On change bien malgré soit
Une petite médaille en argent
Un petit rien que l'on méprise
C'est quelque fois réconfortant
Quand la mort vous frôle sous
la bise
Dans la vie vient un moment
Où l'homme le plus brave frissonne
Je n'veux influencer personne
Je vous l'avoue sincèrement
D'avoir en ce bas monde un p'tit peu
d'idéal
Si c'a n'fait pas d'bien, ça
n'fait sûrement pas d'mal