Voyez cette maison là-bas
Dont l'enseigne dans la brume
Jette son brutal éclat
S'éteint, puis bientôt se rallume
Un couple en sort à l'instant
Un autre y pénètre
Et la dernière fenêtre
Clôt ses volets brusquement
C'est l'hôtel des amours faciles
C'est l'hôtel où sans devoir se nommer
On est certain de trouver un asile
Les vieux lits ne sont pas très grands
Les rideaux sont tachés qu'importe
Puisque pour si peu d'argent
S'entrouvre la porte
Et que dans la sombre nuit
Tombée enfin sur la ville
A l'hôtel des amours faciles
Fleurit l'oubli
Mais avec le brouillard glacé
De nouveau voici décembre
La camarde a coups pressés
Choisit au hasard quelques chambres
Mais prodige merveilleux
Lorsque sonne l'heure,
Nul ne tremble, nul ne pleure
Car pour les gueuses et les gueux
C'est l'hôtel de la mort facile
C'est l'hôtel où n'ayant qu'à se nommer
L'âme est sûre de trouver un asile
Les regrets anciens un à un
Les chagrins les soucis font grève
Et tandis que des parfums
Lentement s'élèvent
Un bel ange au front pâli
Dans l'ombre invisible veille
Et tout bas promet à l'oreille
Le paradis