On n'lui connaît aucun parent
A Clichy pour cent francs par an
Elle couche par terre dans une mansarde
La soûlarde
Dès la matin on peut la voir
Sur le pavé sur le trottoir
Cheminer, la mine hagarde
La soûlarde
Un ancien châle à même la peau
Coiffée d'travers d'un vieux chapeau
En marchant, toute seule elle bavarde...
La soûlarde
Les mastroquets, les rigolos
Sur le seuil de leur caboulot
Se disent "Ah ! Quelle sale tocarde
La soûlarde
Bien égaré cherchant son trou
Allant souvent sans savoir où
Loin d'la barrière elle se hasarde
La soûlarde
Un tas de gamins l'entourant
Criant chantant sautant courant
Et portent ainsi qu'une garde
La soûlarde
Mais elle indifférente à tout
Va devant elle n'importe où
Alors de cailloux on bombarde
La soûlarde
Sensible à ce brutal affront
Du sang lui coulant sur le front
Elle se retourne et regarde...
La soûlarde
Tous interrompant leur lazzis
Ayant le coeur d'effroi saisi
Devant les regards que leur darde
La soûlarde
Au milieu des passants surpris
Balladant ? d'ses cheveux gris
Pour sur elle est vraiment tocarde
La soûlarde
Pourtant ouvrier ou gamin
Laisse la passer son chemin
Qui sait le noir soucis que garde
La soûlarde