C'était une
riche et belle fille
Demi-mondaine au nom coté
Lui c'était un p'tit
sans famille
Enfant d'Paris, fleur de
pavé
Un jour qu'elle déscendait
d'voiture
Le voyant qui tendait la
main
Elle lui d'manda dans un
murmure :
- Dis moi qui donc es tu
gamin ?
Baissant les yeux l'pauvr'
gars
Lui répondit tout
bas
Je ne suis qu'un p'tit voyou
d'barrière
Je n'ai pas d'papa ni d'maman
Sans un seul ami sur la
terre
J'ai grandi on n'sait pas
comment
Toute la journée
j'ouvre les portières
Et l'soir loin des invitations
J'couche dans les fortifications
Je ne suis qu'un p'tit
voyou d'barrière
Mais v'là qu'un soir
la mort dans l'âme
Il apprit par un vagabond
Qu'on d'vait cambrioler
la dame
Chez elle il s'élança
d'un bond
Puis ayant dévoilé
la chose
Il ajouta timidement
J'voudrais bien servir
la bonne cause
C'est peu mais j'aurais
l'coeur content
Laissez moi près
de vous
J'ai peur d'un mauvais
coup
Je ne suis qu'un voyou d'barrière
N'ayant qu'son dévouement
banal
Pourtant j'vous l'jure
l'âme sincère
Moi vivant on n'vous f'ra
pas d'mal
Si l'malheur abrège
ma misère
Qu'importe, je n'laissrai
pas de regrets
Moi simple gueux qu'nul
ne connaît
Je ne suis qu'un p'tit
voyou d'barrière
Ce fut un triste et sombre
drame
La mondaine découvrit
l'matin
L'corps du gosse troué
d'un coup d'lame
Devant la grille de son
jardin
Il avait donné sa
jeunesse
Pour la sauver d'un sort
affreux
Lui prouvant qu'l'or et
la richesse
Ça n'vaut pas l'coeur
d'un miséreux
Tout bas dans un sanglot,
Elle murmura ces mots
C'était un p'tit
voyou d'barrière
Qui mourut tout seul en
secret
Et cueillant des roses
printanières
Tristement elle fit un
bouquet
Puis à genou dans
une prière
Pleurant comme une grande
sœur
Elle dit " - Adieu" et
j'ta ses fleurs
Au petit voyou de barrière