Dans un ménage d'ouvrier
Où régnait la grande
misère
Le mari au lieu d'travailler
Menait une vie très légère
Sa pauvre femme se lamentait
Pendant qu'son époux f'sait
la noce
Et dans son enfer grandissait
Délaissé, l'plus gentils
des gosses
L'gamin s'en allait à l'école
Tous les matins tenant son p'tit panier
Sans prononcer une parole
L'air attristé et le coeur tout
serré
Souvent de ses yeux qui implorent
Il regardait les autres petits enfants
En pensant qu'ils avaient encore
Un bon papa, une bonne maman
Un soir rentrant à la maison
Beaucoup plus tard que d'habitude
Le père un peu pris de boisson
Fut reçu de façon très
rude
Avec sa femme se disputant
Il se mit dans une telle colère
Qu'il blessa le petit enfant
En l'envoyant rouler à terre
Le gosse perdit connaissance
Puis un moment resta évanoui
Mais il maîtrisa sa souffrance
Et se traîna jusqu'à son
petit lit
Alors joignant ses mains meurtries
Il dit tout bas et en s'agenouillant
Mon Dieu rendez moi j'vous en prie
Mon petit papa, ma petite maman
Le père tout en sommeillant,
Eut le cauchemar et le délire
Et la pauvr' mère en sanglotant
Passa toute la nuit à maudire
Le lendemain pris de regrets
Et de peur que l'enfant s'désole
Ils vinrent tous deux à son chevet
Sans même s'adresser la parole
Servant de trait d'union, le gosse
Prit les deux mains d'ses parents,
les joignit
En murmurant : on r'fera une noce
Aimez vous bien pour toujours j'vous
unis
Alors son bonheur fut extrême
Lorsqu'il les vit s'embrasser en pleurant
Il dit : j'ai r'trouvé ceux
que j'aime
Mon p'tit papa, ma petite maman