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1
Quand j’étais petit, chaque dimanche,
Quel bonheur pour moi d’entendre l’Opéra.
Plus tard, comme je rêvais des planches,
Au Conservatoire l’on me présenta.
Pour déclamer de belles tirades,
Je récitais des vers nuit et jour,
Chez moi, dans la rue, j’étais malade,
Enfin arriva le concours.
Mais l’embêtant … J’avais l’accent
Malgré mes gestes,
Boudiéou ! Qué vesle !
Je fus pourtant escagassant,
Mes vers chantaient par mon tempérament,
En scène, j’allais, je venais, qué beau travail !
Mais le jury, tout bas, murmurait : « Ça sent l’ail »
Et malgré tout on grand talent :
On m’a laissé tomber … j’avais l’accent !
2
Paris, tous devinaient, péchère !
Rien qu’à mon « accent » que j’étais Marseillais.
Même un jour, c’est extraordinaire,
Une jolie femme partout me suivait,
Au restaurant, même aux water-choses
Toujours elle était derrière moi,
Énervé, j’y demandais la cause,
Elle me dit, remplit d’émoi :
C’est ton « accent », c’est ton « accent »
Cette musique m’est sympathique !
Sans prétentions, tes expressions
Sont un attrait dans ta conversation.
Et, bien que je n’ai jamais vu ton beau midi,
Par ton bagout, je vois déjà le Paradis.
Je ne sais pas c’que je ressens,
Mais vois-tu, c’qui me prend, c’est ton « accent ».
3
Pour la scène, j’avais de l’audace.
Devenir artiste, toujours j’y pensais !
Un jour, je débutais au Palace
Et tout en chantant que je me surveillais !
J’avais beau faire … dans mon langage,
Pour parler pointu, je bafouillais.
Aussi ais-je pensé, c’est plus sage
De garder l’accent Marseillais.
Avec « l’accent », avec « l’accent »
Je suis à l’aise, plus rien ne pèse !
Mon idéal … le Provençal
Mon répertoire … il est méridional !…
Et ce soir, je vais tâcher de vous égayer …
Par mes chansons, mes monologues Marseillais,
Car à présent, c’est épatant,
Je fais mon tour de chant … avec « l’accent ».