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Monsieur de la Palisse

Traditionnel - XVIeme siècle -

Cette chanson est l'histoire comique de M. de la Palisse, vaillant capitaine mort à la bataille de Pavie en 1525, sous le règne de François 1er. Elle fut composée à cette époque, et c'est un peu par hasard que l'effet comique est apparu. Les soldats de l'époque chantèrent :

M. de la Palisse est mort,
Mort devant Pavie
Un quart d'heure avant sa mort
Il faisait encore envie !

Ce qui voulait dire qu'il s'était battu vaillamment jusqu'au dernier moment. Ce n'est que plus tard, au XVIIIeme siècle que un certain "La Monnoye" a publié cette chanson entièrement réécrite sur un ton comique et toujours sur le même thème. Depuis, bien d'autres couplets ont été rajoutés, et j'en ai retrouvé plus de cinquante. Vous pouvez en inventer encore, si vous voulez... Et ne me dîtes pas qu'après avoir chanté tout ça, vous ignorez encore ce qu'est une "Lapalissade"!

Ecoutez la musique :

Lecture mp3 :



Henri Des - Chansons populaires vol 2


Messieurs vous plait-il d'ouïr,
L'air du fameux La Palisse?

Il pourra vous réjouir,
Pourvu qu'il vous divertisse!

La Palisse eut peu de bien,
Pour soutenir sa naissance

Mais il ne manqua de rien
Tant qu'il fut dans l'abondance.

Bien instruit dès le berceau
Jamais, tant il fut honnête,
Il ne mettait son chapeau
Qu'il ne se couvrit la tête.

Il était affable et doux
De l'humeur de feu son père
Et n'entrait guère en courroux
Si ce n'est dans la colère.

Il buvait tous les matins
Un doigt tiré de la tonne,
Il mangeait chez ses voisins
Et s'y trouvait en personne.

Il voulait dans ses repas
Des mets exquis et fort tendres,
Et faisait son Mardi Gras
Toujours la veille des Cendres.

Ses valets étaient soigneux
De le servir d'andouillettes,
Et n'oubliaient pas les oeufs
Surtout dans les omelettes.

De l'inventeur du raisin
Il révérait la mémoire
Et pour bien goûter le vin
Jugeait qu'il fallait en boire.

Il disait que le nouveau
Avait pour lui plus d'amorce
Et moins il y mettait d'eau
Plus il y trouvait de force.

Il consultait rarement
Hippocrate et sa doctrine
Et se purgeait seulement
Lorsqu'il prenait Médecine.

Il épousa, ce dit-on
Une vertueuse dame
S'il avait vécu garçon
Il n'aurait pas eu de femme.

Il en fut toujours chéri
Elle n'était point jalouse
Sitôt qu'il fut son mari
Elle devint son épouse.

D'un air galant et badin
Il courtisait sa Caliste
Sans jamais être chagrin
Qu'au moment qu'il était triste.

Il passa près de huit ans
Avec elle fort à l'aise
Il eut jusqu'à huit enfants
C'était la moitié de seize.

On dit que dans ses amours
Il fut caressé de belles
Qui le suivirent toujours
Tant qu'il marcha devant elles.

Il brillait comme un soleil
Sa chevelure était blonde
Il n'eut pas eu son pareil
S'il eut été seul au monde.

Il eut des talents divers
Même on assure une chose
Quand il écrivait des vers
Qu'il n'écrivait pas en prose.

En matière de rébus
Il n'avait pas son semblable
S'il eut fait des impromptus
Il en eut été capable!

Au piquet, par tout pays
Il jouait suivant la pente
Et comptait quatre-vingt dix
Lorsqu'il faisait nonante.

Il savait les autres jeux
Qu'on joue à l'académie
Et n'était pas malheureux
Tant qu'il gagnait la partie.

On s'étonne sans raison
D'une chose très commune
C'est qu'il vendit sa maison
Il fallait qu'il en eût une.

Il choisissait prudemment
De deux choses la meilleure,
Et répétait fréquemment
Ce qu'il disait tout à l'heure.

Il fut à la vérité
Un danseur assez vulgaire
Mais il n'eût pas mal chanté
S'il avait voulu se taire.

Il eut la goutte à Paris
Longtemps cloué sur sa couche
En y jetant de hauts cris
Il ouvrait bien fort la bouche.

On raconte que jamais
Il ne pouvait se résoudre
A charger ses pistolets
Quand il n'avait pas de poudre.

On ne le vit jamais las
Ni sujet à la paresse
Tandis qu'il ne dormait pas
On tient qu'il veillait sans cesse.

Il avait un triolet
Bien mieux que sa patenôtre
Quand il chantait un couplet
Il n'en chantait pas un autre.

Il expliquait doctement
La physique et la morale.
Il soutint qu'une jument
Est toujours une cavale.

Par un discours sérieux
Il prouva que la berlue
Et les autres maux des yeux
Sont contraires à la vue.

Chacun alors applaudit
A sa science inouïe
Tout homme qui l'entendit
N'avait pas perdu l'ouïe.

Il prétendit en un mois
Lire toute l'écriture
Et l'aurait lue une fois
S'il en eut fait la lecture

Par son esprit et son air
Il s'acquit le don de plaire
Le roi l'eut fait Duc et Pair
S'il avait voulu le faire.

Mieux que tout autre à la cour
Il savait jouer son rôle
Et jamais lorsqu'il buvait
Ne disait une parole.

Lorsqu'en sa maison des champs
Il vivait libre et tranquille
On aurait perdu son temps
De le chercher à la ville.

Il voyageait volontiers
Courant par tout le royaume
Quand il était à Poitiers
Il n'était pas à Vendôme.

Il se plaisait en bateau
Et soit en paix soit en guerre
Il allait toujours par eau
Quand il n'allait pas par terre.

C'était un homme de coeur
Insatiable de gloire
Lorsqu'il était le vainqueur
Il remportait la victoire.

Les places qu'il attaquait
A peine osaient se défendre
Et jamais il ne manquait
Celle qu'on lui voyait prendre.

Un devin, pour deux testons
Lui dit d'une voix hardie
Qu'il mourrait au delà des monts
S'il mourait en Lombardie.

Il y mourut ce héros
Personne aujourd'hui n'en doute
Sitôt qu'il eut les yeux clos
Aussitôt il ne vit goutte.

Un beau jour s'étant fourré
Dans un profond marécage
Il y serait demeuré
S'il n'eut pas trouvé passage.

Il fuyait assez l'excès
Mais dans les cas d'importance
Quand il se mettait en frais
Il se mettait en dépense.

Un jour il fut assigné
Devant un juge ordinaire
S'il eut été condamné
Il eut perdu son affaire.

Dans un superbe tournoi
Prêt à fournir sa carrière
Il parut devant le Roi
Il n'était donc pas derrière.

Monté sur un cheval noir
Les dames le reconnurent
Et c'est là qu'il se fit voir
A tout ceux qui l'aperçurent.

Mais bien qu'il fut vigoureux
Bien qu'il fut le diable à quatre
Il ne renversa que ceux
Qu'il eut l'adresse d'abattre.

Monsieur de la Palisse est mort
Est mort devant Pavie
Un quart d'heure avant sa mort
Il était encore en vie.

Il fut par un triste sort
Blessé d'une main cruelle
On croit puisqu'il en est mort
Que la plaie était mortelle.

Regretté des ses soldats
Il mourut digne d'envie
Et le jour de son trépas
Fut le dernier de sa vie.

Il mourut le vendredi
Le dernier jour de son âge
S'il fut mort le samedi
Il eut vécu davantage.

J'ai lu dans de vieux écrits
Qui contient son histoire
Qu'il irait en paradis
S'il était en purgatoire.
































Cette chanson existe sur les CD suivants :


Henri Dès Chansons populaires vol 2

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