Affiche des internationaux de France, 1926. |
Le championnat de France devient international
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En
1924, le championnat de France est pour la dernière année
réservé aux licenciés français. Mais la disparition
des championnats du monde sur terre battue
lance le débat. C'est qu'on s'était un peu habitué
à Paris à prendre le chemin du parc de Saint-Cloud, la première
quinzaine de juin, pour admirer les meilleurs joueurs étrangers.
Le débat sera vite clos : 1925 verra les premiers internationaux
de France.
En attendant, l'édition
1924 se déroule sur les courts du Racing, à la Croix-Catelan.
L'épreuve offre un plateau de choix aux spectateurs qui ne se bousculent
pas. Les demi-finales opposent naturellement nos quatre Mousquetaires :
Lacoste-Cochet
et Borotra-Brugnon.
Finalement, Borotra remporte
le titre aux dépens de Lacoste grâce à son merveilleux
jeu de volée. La partie va jusqu'au cinquième set, mais Borotra
gagne les points importants et ne laisse passer aucun lob: 7/5 6/4 0/6
5/7 6/2. Jean Borotra fait cette année là le triplé
avec Lacoste en double messieurs et Melle Billout en mixte. Mais l'absence
de Suzanne Lenglen, malade, lui a facilité la tâche...
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Jean Borotra |
1925 voit donc
les premiers internationaux de France, qui se déroulent au stade
Français, dans le parc de Saint-Cloud. C'est un retour aux sources,
sur les lieux du défunt championnat
du monde sur terre battue. Mais la finale a un petit air de déjà
vu: Lacoste prend sa revanche
de l'année précédente. Son jeu a gagné en précision
et il bat Borotra cette
fois en trois sets secs! Heureusement, le caractère international
de l'épreuve est quand même marqué en demi-finale par
la présence du belge Washer et de l'hindou Jacob.
Et c'est dans l'épreuve de double que l'on retrouve les Mousquetaires au complet : Borotra-Lacoste battent Cochet-Brugnon au cours d'une magnifique partie qui va jusqu'au cinquième set. |
En
1926, ce sont les courts du Racing qui accueillent l'épreuve en
alternance avec le Stade Français. Et c'est le grand retour à
Paris des américains, avec la participation de Richards
et Kinsey. Cette fois, c'est Henri Cochet qui se distingue, remportant
ainsi son premier titre important aux dépens de Lacoste. Souvenir
des Jeux Olympiques de 1924, il avait
en demi-finale pris sa revanche sur Vincent Richards en trois sets secs!
Mais c'est en double que le caractère international de l'épreuve va se concrétiser. Pour la première fois, les Français ne sont pas maîtres chez eux. Kinsey-Richards battent successivement Borotra-Lacoste et Cochet-Brugnon. Vincent Richards est ainsi le premier joueur à remporter le titre de double dans les trois épreuves du grand chelem : Forest Hills (1918), Wimbledon (1924) et maintenant Paris (oublions la lointaine Australie, où personne ne se déplaçait à l'époque, sauf pour la coupe Davis...). Il démontre en passant qu'il est incontestablement un des meilleurs joueurs de double du monde, comme le prouvent ses nombreuses victoires en coupe Davis avec Williams. |
Sur le court de La Croix-Catelan à Boulogne Lacoste, Borotra, Kinsey et Richards posent pour les photographes avant la demi-finale. |
En 1927, c'est enfin le
grand retour de
Tilden en
France. L'Américain, que l'on avait vu qu'une fois à Paris
en 1921, vient défier les français chez eux. Après
la
déconfiture américaine à Forest Hills l'année
précédente, Tilden se doit de réagir s'il veut conserver
la coupe Davis. L'épreuve se déroule au Stade Français,
dans le magnifique parc de Saint-Cloud. En demi-finale, Tilden balaye Cochet
en trois sets, et pour la finale qui l'oppose à René Lacoste,
les tribunes qui peuvent contenir péniblement 5000 spectateurs,
sont archi-pleines. C'est une partie de légende qui a lieu ce jour-là.
Les balles atterrissent à quelques centimètres des lignes,
les deux joueurs font un minimum d'erreurs, et il arrive que des points
aillent jusqu'à 50 échanges! Après quatre heures de
jeu, au cinquième set, Tilden mène 9/8 et 40/15.
Sur la première balle de match, Lacoste fait un retour gagnant. Sur la deuxième, Tilden sert un ace et croit en avoir fini, quand l'arbitre de ligne crie "Faute!". La balle a frôlé la ligne et certains spectateurs l'ont vu bonne. Mais il n'y aura pas d'incident. L'arbitre de ligne en question s'appelait Henri Cochet, et personne, pas même Tilden, ne pouvait le soupçonner d'avoir fait une erreur de jugement, consciente ou inconsciente, et surtout pas d'avoir voulu avantager un camarade. Tilden ne manifesta aucune émotion, mais à 34 ans, il accusa le coup. Il termina le match deux jeux plus tard en commettant une double faute, ce qui était une bien triste fin de match pour le grand serveur qu'il était... Cette finale eut une rare intensité dramatique, et cinquante ans après, on en parlait encore! Lacoste termina le match épuisé, et un mois plus tard, à Wimbledon, il en ressentait encore les effets, à tel point qu'il ne fut que l'ombre de lui-même en demi-finale face au tenant du titre Borotra. Certains pensent déjà à l'année prochaine, où rendez-vous est pris, selon le principe de l'alternance, sur les courts du Racing. Mais la coupe Davis n'est pas loin, et en cette année 1927, tous les espoirs sont enfin permis. Quel stade parisien serait alors digne d'accueillir le prestigieux trophée? |
Épisode précédent
: 1922-1926 Les Mousquetaires à la conquête
de la coupe Davis.
Épisode suivant : 1927,
France bat États-Unis 3/2.
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Dernière mise à jour : 24
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