Bobby Riggs Le « Macho » « The chauvinist pig » (USA 1918-1995) |
Riggs fait la une du time en 1973... |
Drôles de surnoms pour un ancien champion de Wimbledon, mais il faut dire que ces deux qualificatifs n’ont rien à voir avec sa carrière tennistique un peu oubliée de nos jours. Bobby Riggs restera dans l’histoire du tennis l’homme qui participa à «la bataille des sexes» en 1973 en défiant Margaret Court, puis Billie Jean King. Riggs fut en effet qualifié de «Macho» par la presse à cette occasion, il avait alors 55 ans et prétendait être capable de battre la meilleure joueuse du monde, tout en tenant des propos outranciers et provocateurs sur la supériorité de l’homme sur la femme. Il se qualifiait lui même de «Cochon de Chauviniste» et assurait même vouloir être le premier d’entre eux ! |
Né à Los Angeles en 1918, Robert Larimore Riggs prend ses premières leçons de tennis à 12 ans. Il commence à faire parler de lui en 1934 quand il bat à 16 ans Adonis Schield, un ancien finaliste de Wimbledon et de Forest Hills. En 1937, à 19 ans, il est quatrième joueur américain et réussit à prendre un set à Von Cramm à l’US open. L’année suivante, il joue la finale de la coupe Davis aux côtés de Donald Budge et c’est lui qui marque le point décisif en battant l’australien Adrian Quist au cours d’un match long et difficile où il montra qu’il avait du caractère. |
Riggs (à gauche) en 1940 |
En 1939, après le passage de Budge chez les professionnels, il devient N°1 mondial au cours d’une année en dents de scie. Il fait les trois finales des tournois du grand chelem auxquels il participe : finaliste à Paris, vainqueur à Wimbledon et Forest Hills. Mais il ne parvient pas toutefois à conserver la coupe Davis et perd un match décisif contre Quist qui prend ainsi sa revanche de l’année passée. |
Portrait de riggs sur une raquette en bois, 1946 |
Petit, agile et doté d’un admirable touché de balle, il menait ses parties avec une motivation qui ne semblait pas toujours à la hauteur de l’événement. En fait, plus qu’aucun autre joueur de cette époque, Riggs cherchait à rentabiliser son activité de tennisman amateur à une époque où c’était strictement interdit. Pour se motiver un peu, Riggs ne perdait pas une occasion de parier de l’argent sur ses propres matches, avant et même pendant la partie, quelques fois même pendant un jeu, en fonction de sa cote qui montait ou descendait suivant le score. Il gagna dit-on une petite fortune à Wimbledon en pariant sur son triple succès. Riggs était alors de très bonne humeur et racontait qu’il était important pour lui de rendre ce jeu un peu rentable… En coupe Davis, à Philadelphie, loin des Bookmakers londoniens, il dut perdre un peu de sa motivation, ceci expliquant peut-être sa défaite contre Quist… |
Avec un tel caractère, Riggs se tourna naturellement vers le professionnalisme et après un deuxième titre à Forest Hills en 1941, il fait une première tournée l’année suivante. Il remporte trois titres de champion du monde professionnel en 1946, 47 et 49 et deux titres de double avec Donald Budge en 42 et 47. A partir de 1950, dominé par des joueurs plus jeunes comme Jack Kramer ou Pancho Gonzales, il devient promoteur et organisateur de tournée pro, activité qu’il doit abandonner bien vite quand Jack Kramer décide de prendre en main lui-même l’organisation du tennis professionnel. |
Affiche du "Bobby Riggs tour" 1949-1950 |
"Ne pariez jamais contre cet homme"! titre ce journal après sa victoire sur Margaret Court. |
Riggs disparaît alors du petit monde du tennis pendant une vingtaine d’années et c’est en 1973 qu’il réussit à faire un retour surprenant et spectaculaire. On est alors en plein mouvement pour la libération de la femme et la lutte pour le droit à l’avortement et l’égalité des sexes bat son plein. Avec un sens inné du spectacle et de la provocation, Riggs lance alors, devant la presse, un défi à la championne du monde Margaret Court. Jouant délibérément le rôle du macho antipathique et caricatural, rabaissant systématiquement le rôle de la femme, se traitant lui même de cochon de chauviniste, il parvient à rencontrer Margaret Court en mai à Ramona, en Californie. Le «macho» l’emporte facilement en deux sets 6/2 6/1. |
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Conférence de presse King et Riggs. |
Riggs n'en reste pas là. «Je veux rencontrer Billie Jean King, je veux battre le porte drapeaux du mouvement de libération de la femme» déclare-t-il alors à sa sortie du court. Cette fois, le défi prend l’allure d’une affaire nationale. Billie Jean King est en effet à la pointe du combat pour l'égalité des sexes dans le tennis; elle est à l’origine des premières tournées professionnelles féminines et milite pour l’égalité des prix. Elle est en outre la première sportive de haut niveau à avoir avoué publiquement son homosexualité. |
Billie Jean King, 29 ans, est au sommet de sa carrière. Dans sa position de militante féministe, elle n'hésite pas à relever le défi. Le "match des sexes" s'organise donc avec le support des médias et tout se transforme alors en un énorme show à l'américaine avec une pluie de dollars à la clé. Riggs se prétendait alors militant d'un mouvement de libération de l'homme, affichant ouvertement son mépris pour la cause féministe. Rosie Casal, partenaire de double de King répondait en traitant Riggs de "vieillard qui marche comme un canard, sans voir, sans entendre, et en plus il est idiot!" |
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King et Riggs font le bras de fer devant la presse... |
Après
les invectives, tout se termine finalement dans une ambiance constructive
où le respect mutuel l'emporte. "Pour un mâle chauviniste,
il a fait beaucoup de bien à notre cause" dira finalement Rosie
Casal, "Nous devons toujours nous souvenir de lui de la meilleure manière,
il a beaucoup fait pour la cause des femmes".
Plus tard, en 1993, King racontait. "A cette époque, le mouvement féministe était à son apogée. Le match des sexes a aidé beaucoup de gens à réaliser que tout le monde pouvait avoir le même talent, que vous soyez un homme ou une femme!". Inutile de préciser que King et Riggs sont par la suite restés les meilleurs amis du monde. |
Une des ses dernières apparitions sur le court... |
En
1985, Riggs fit encore parler de lui et essaya de mettre sur pied un spectacle
du même genre, mais avec moins de réussite. Associé
à Vitas Gerulaitis, les deux hommes perdirent un double contre Martina
Navratilova et Pam Shriver. Riggs avait alors 67 ans.
Atteint d'un cancer de la
prostate, il décide en 1988 de fonder la "Bobby Riggs Tennis Museum
Foundation" au profit de la recherche médicale contre le cancer
de la prostate. Le musée raconte sa carrière et plus généralement
l'histoire du tennis. Ce musée a été inauguré
en 1996, un an après sa mort.
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Une première autobiographie publiée dans les années 50... |
...et une deuxième après le match des sexes. |
Voici son palmares en grand chelem : 2 simples, 1 double messieurs, 1 double mixte
Wimbledon | Simple Messieurs | 1939 |
Double Messieurs | 1939 E.T.Cooke | |
Double Mixte | 1939 Alice Marble | |
Forest Hills | Simple Messieurs | 1939 |
Coupe Davis (1) | 1938 |
Pendant la guerre, Riggs a remporté encore deux titres de champion d'Amérique, à une époque où ce championnat continuait à se dérouler avec une participation internationnale très limitée, pour ne pas dire nulle: un double mixte en 1940 avec Alice Marble, et le simple messieurs en 1941 |
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Dernière mise à jour : 30
avril 2010
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Avril 2010.
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